De prime abord, une île du large n’est pas l’endroit idéal pour assurer de la logistique et de la vente à distance ! En effet, la vente locale et les circuits courts semblent être les solutions idéales dans un « monde en réduction », à distance du continent. Et pourtant, malgré les freins apparents, la vente à distance par le biais d’Internet est une activité envisageable…

L’e-commerce quand on est insulaire ?

Boutique Safety-drone.shop
Safety-drone.shop, vente en ligne de matériel de sécurité pour les missions de drones

Il y a quelques entreprises à Belle-île qui vendent à distance, comme par exemple Ultimate Fishing, mais globalement une grande majorité (artisans, agriculteurs, pêcheurs…) vend produits ou services sur un circuit court, en local.

Je vis à l’année comme insulaire et gère notamment Safety-drone.shop, une boutique de vente en ligne de matériel de sécurité pour les missions de drones. J’ai comme clients d’autres opérateurs professionnels de drones mais également des administrations centrales, des collectivités territoriales, des établissements nationaux, tant en France métropolitaine, Outre-mer, Suisse et Belgique…

La gestion des expéditions comme entreprise insulaire

Expéditions des commandes

De prime abord, une île du large n’est pas l’endroit idéal pour assurer de la logistique !

Le siège de mon entreprise est situé à Bangor, une des quatre communes de Belle-île-en-mer (56360), île du large du Morbihan (56), en Bretagne sud, située à environ 45 minutes de bateau de Quiberon (12,3 km au sud).

Bon nombre de mes clients n’identifient pas la commune de Bangor. Par contre, ils localisent plus facilement Belle-île-en-mer, chanté par Laurent Voulzy.

Le plus souvent, ils sont étonnés par la réactivité des expéditions. En effet, leur commande passée le matin et reçue dans la majeur partie des cas, le lendemain en Chrono relais ou Chrono 13 ou Chrono 18. Parfois, il peut arriver des retards, à cause des tempêtes d’hiver ou parfois des grandes marées qui décalent les horaires de la levée postale. Mais c’est plutôt assez rares.

Toutes les expéditions que cela soit sous forme de colis ou de lettre sont assurées avec un suivi en ligne. De même, un SMS est systématiquement envoyé au client, avec le lien de suivi, suite au dépôt de sa commande au bureau de poste local. A défaut de numéro de portable communiqué, un courriel est alors envoyé pour le suivi. C’est un service qui est offert au client et qui réduit les risques de perte de marchandises.

Une vie économique rythmée par l’arrivée des bateaux

Arrivée du Goulphar de la TMC dans le port du Palais – © Denis JEANT

Sur une île, les échanges avec le continent sont rythmés par l’arrivée des bateaux. Pour les fournisseurs, on est jamais livré sur site, sauf pour des petits colis qui sont acheminés par la Poste. Pour les autres transporteurs et les gros colis, il faut aller les chercher soi-même au port d’arrivée du Palais (ici on dirait de Palais ;-), à la gare maritime (Compagnie Océane) ou sur le quai quand on est livré par palettes par la compagnie TMC.

Les aléas de la vie numérique !

Pour le téléphone et l’Internet, la qualité est très variable selon la saison. Belle-île, la plus grande des îles du Ponant compte environ 5200 habitants à l’année. En plein été, avec une population estivale qui atteint de 25 000 à 35 000, la situation ressemble en haute saison à une invasion et contraste fortement avec l’hiver 😉 Il n’y a parfois plus de réseau téléphonique. Malgré les belles paroles renouvelées tous les ans par les opérateurs, il est souvent saturé car n’est semble-t-il pas correctement dimensionné pour le nombre d’utilisateurs. Le pire dans le domaine est Free Telecom qui a peu investit dans son réseau local. Pour l’Internet, c’est du même acabit. Sinon, la fibre optique est bien arrivée du continent avec le câble sous-marin électrique de secours. Par contre, elle n’est pas encore déployée au niveau des utilisateurs finaux. On rame parfois avec l’ADSL2 qui est assez souvent en panne, avec de nombreuses coupures ou baisses de débit.

La difficulté de trouver un logement

Mais la plus grosse difficulté avant tout, sur une île comme Belle-île est de trouver un logement à l’année. Le taux de résidences secondaires atteint près de 65% sur ma commune de Bangor. De plus, bon nombre de propriétaires, parfois des insulaires, préfèrent louer durant la saison estivale, sur quelques mois, à des conditions beaucoup plus lucratives. Par conséquent, la pression immobilière reste forte sur un territoire restreint par sa surface et l’application de la loi Littoral. Les bonnes annonces sont rarement publiées. En effet, à la vue de la rareté, le plus souvent le bouche à oreilles suffit à trouver très rapidement un locataire ou acquéreur.

Quelques avantages de l’insularité ?

Les aiguilles de Port-Coton
Les aiguilles de Port-Coton, à Belle-île-en-mer – © Denis JEANT

J’ai appris à me méfier du côté « carte postale » souvent vendu par les offices de tourisme pour attirer les touristes, quand il m’est arrivé de travailler sous les tropiques. C’est un peu la même chose sur un île comme Belle-île. Derrière le vernis de la carte postale, il y a souvent l’envers du décor. Vivre à l’année est très différent que de passer des vacances estivales. On peut aussi parfois s’enfermer soi-même dans une « prison dorée ». De même, selon sa manière d’appréhender la vie, avec ses problèmes personnels… on peut parfois vivre un enfer au paradis. On dit ici que si vous arrivez à passer un hiver, vous pourrez y habiter à l’année. Sinon, le cadre de vie est exceptionnel, avec une vie proche de la nature, le climat est plus doux, baigné par l’Océan qui est une pompe thermique, les gens sont souvent plus solidaires que sur le continent … A ce sujet, les mégapoles offrent parfois des paradoxes. En effet, c’est souvent dans ces lieux surpeuplés que des gens connaissent le plus la solitude…